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La transidentité, au-delà des apparences

Avec Chayka

La transidentité soulève énormément de questions et donne lieu à une multitude d’affirmations qui souvent se contredisent les unes les autres. Je ne suis quant à moi pas surprise de la bousculade ambiante, ce thème étant à peu près le plus perturbant qu’on puisse trouver, puisqu’il touche à l’identité de chacun et chacune, et qu’il vient remettre en question le fonctionnement même de notre société.

Nous pensons tous et toutes avoir une idée claire de ce qu’est un homme ou une femme, et de ce que la société attend de nous en tant que fille ou garçon, de notre plus tendre enfance jusqu’à nos vieux jours. À tel point que ces représentations semblent tomber sous le sens et que nous ne les questionnons que rarement. Pourtant, il est intéressant de se demander ce qui nous définit chacun•e fondamentalement dans notre identité. Très intéressant même !

Dans un décor qui semble immuable et bien en ordre, les personnes trans, en affirmant une identité de genre différente de celle de leur état civil d’origine, viennent clairement jouer les trouble-fêtes. D’où viennent leurs revendications ? Que vivent les personnes trans dans leur esprit et dans leur corps ? Quelles sont les conséquences sociales de la diffusion grandissante de la parole des personnes transgenres et non-binaires ? Que peut-on apprendre sur nous-mêmes en les écoutant ?
Quand on s’intéresse à la métacognition, c’est-à-dire à la réflexion sur nos propres pensées, toutes ces questions ne peuvent que nous réjouir, n’est-ce pas ?

Précision : le vécu de Chayka n’est pas à prendre comme représentatif des parcours des autres personnes trans, ni comme un modèle de légitimité parce qu’elle a ressenti un décalage et su poser des mots dessus dès l’enfance. On peut découvrir et exprimer sa transidentité à 15 ans, 20 ans, 40 ans ou 60 ans, cela ne rend pas tel ou tel vécu moins audible, moins recevable. Cette diversité n’a pas à donner lieu à l’établissement de marqueurs de ce que seraient une “vraie personne trans“ et une “fausse personne trans“. Non, les parcours sont aussi nombreux que les concerné•es. Des femmes trans portent la barbe, des hommes trans gardent leurs seins et leurs cheveux longs, des personnes non-binaires changent simplement de pronom et de mode vestimentaire.
Ces personnes bousculent non seulement les stéréotypes de genre, mais aussi ce que nous pensons qu’elles sont ou devraient être. Pour les comprendre et dépasser nos préjugés, je ne peux que vous encourager à écouter d’autres témoignages, et il en existe déjà de nombreux. Aller à la rencontre d’un être humain comme les autres, c’est bien de cela qu’il s’agit pour moi avec cette série. Avant toute chose.

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Illustration de deux oeufs peints en jaune. Ils sont chacun posés sur une feuille verte. L’oeuf de gauche est marqué du sigle masculin et celui de droite, du sigle féminin. Le fond est de couleur bleu clair uni.

Épisode #28.161mn
Le sexe et le genre

Je me suis rendue en Bretagne pour rencontrer Chayka. Elle a répondu à mes questions pendant deux jours et demi, rendez-vous compte ! Dans ce premier chapitre, nous commencerons par poser les bases, en définissant notamment ce qu’est le sexe et ce qu’est le genre. Et vous verrez que rien que là, les choses sont d’une douce complexité.

Timecodes Épisode #28.1

00:04:19Qui est Chayka ? Hacking social, Horizon Gull, vulgarisation en psychologie sociale et politique, formation en philosophie, autodétermination.
00:09:27Définir la transidentité : sexe assigné à la naissance, orientation sexuelle, personne non-binaire, écouter le témoignage des personnes concernées, difficulté de définir la transidentité, travesti.
00:21:54La part de l'inné et de l'acquis : hiérarchisation des personnes trans, les sciences sont descriptives et non prescriptives, recherche en biologie, psychologie, sociologie.
00:27:34Combien de personnes trans en France ? Chiffres de la sécurité sociale, aux États-Unis, au Canada, au Vietnam.
00:34:39Qu’est-ce que le sexe biologique ? Complexité biologique, personnes intersexes, différences suivant les domaines de recherche.
00:46:11Qu’est-ce que le genre ? Identité de genre, influence de l’éducation sur le genre, sociabilisations de genre, impact de l’environnement social, construction du genre, perception de soi, rapport à son propre corps, la perception des autres, interaction sociale, rapport à sa propre sexualité, expression de genre, attentes sociales et culturelles, stéréotypes de genre. La notion de genre est-elle arbitraire ? Refus du statut social binaire, théorie du genre, Emmanuel Beaubatie, transfuge de genre, société sans genre.
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Illustration d’une enfant androgyne. Le fond est de différente tonalités de bleu. L’enfant est de face et porte un tee-shirt à manche longue, rouge. Il y a un effet d’optique : on peut voir la moitié gauche de la figure de l’enfant dans un miroir. Dans le reflet, son regard observe ce qu’il y a devant lui, tandis que la moitié droite du visage de l’enfant regarde vers le bas.

Épisode #28.258mn
Le monde et ses codes

S’il est un sujet bien mystérieux, c’est celui des origines ; le moment où la personnalité et la perception de soi se forment pour déterminer durablement notre être au monde.
Quelle expérience Chayka a-t-elle eue de ses premières années de socialisation en école maternelle et primaire ? Comment se voyait-elle et quels mots posait-elle dans ses jeunes années sur son vécu intime ? Voici le récit rare et généreux d’une adulte qui se penche sur son enfance cognitive, et sur ce que lui ont renvoyé celles et ceux qui ont croisé son chemin.

Timecodes Épisode #28.2

00:01:34Les origines sociales de Chayka : éducation catholique, stéréotypes de genre, sentiment de décalage en maternelle, le rapport au prénom, faire le deuil de ne pas être une fille.
00:13:19À l'école primaire : séparation filles/garçons, attentes sociales, conformation au genre, humiliation scolaire, mise à l’écart, rentrer dans le moule.
00:24:04La proximité avec les filles : mimétisme social, peur de l’exclusion, rapport à la religion, recherche de représentations féminines, féminisation des mots, malaise grandissant, difficulté à nommer son identité.
00:34:13Changement d’école : reprise de confiance, jeux créatifs, jouer avec les filles, coming in, coming out trans aux parents, pas de mots pour dire la transidentité, réaction des parents, vivre dans le compromis, cours de danse, amitiés.
00:48:05La dysphorie de genre : souffrance sociale, rapport au corps, tristesse indéfinie, projection en tant que femme, peur d'en parler, anticipation de la puberté, évitement du corps, mal dans sa peau.
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Illustration du profil gauche d'un jeune garçon. On ne voit que son buste. Il a la tête posée contre le mur derrière lui. Il regarde vers le sol. Il semble blessé de l'intérieur, malheureux.

Épisode #28.364mn
Le prix de la différence

Chayka nous raconte ce qu’elle a vécu au collège et l’impact durable que certains événements ont eu sur la perception d’elle-même et de sa place dans la société.
Attention : certains aspects de ce récit sont choquants.

Timecodes Épisode #28.3

00:01:59 L’entrée au collège : identification genrée, recherche de normalité, harcèlement scolaire, moqueries, être traité de fille, violences physiques, internalisation, convocation des parents, aveuglement des professeurs.
00:15:38Consultation d’une psychologue : difficulté à parler, autocensure, environnement homophobe, agression sexuelle, traumatisme, tests projectifs.
00:33:49S’interdire d’y penser : rejet des émotions, autotyrannie, peur de la psychiatrisation, prendre sur soi, placardisation progressive, anxiété, jeux vidéo, trier ce qu’on peut montrer aux autres, mode vestimentaire, recherche de neutralité, film Ma vie en rose.
00:45:54L’arrivée de la puberté : vestiaires, rapport au corps, colonies de vacances, pudeur, pilosité, mue de la voix, déni de la puberté, dysphorie de genre.
00:55:16Relations amoureuses et attirances sexuelles : questionnement sur l’orientation sexuelle, manque d’information sur la transidentité, homophobie, donner le change socialement, amitiés avec des personnes passionnées, harcèlement par les garçons et les hommes, sexisme.
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Illustration du buste d'une personne adulte, face à nous et torse nu. Elle cache complètement son visage avec ses mains. Le fond est noir et la personne blanche de peau.

Épisode #28.459mn
Perdu à soi-même

Chayka nous raconte ses années de lycée et le début de sa vie d’adulte ; une période où l’injonction à se conformer aux normes de genre l’a fait s’enfoncer dans un malaise profond. En effet, comment vivre “normalement“ et tout à la fois rester connecté à soi-même ? Une quadrature du cercle qui la mènera bien loin du respect qu’elle avait été attentive à s’accorder jusque-là.

Timecodes Épisode #28.4

00:01:01L'arrivée au lycée : arrêt des harcèlements, jouer un rôle, dysphorie de genre, idées suicidaires, pas de mots, se mentir à soi-même, sentiment de culpabilité, solitude.
00:09:27Consultation d’une psychiatre : trouble anxieux et dépressif, difficulté à parler, peur de la psychiatrisation, thérapie cognitivo-comportementale, psychanalyse, prescription de neuroleptiques, schizophrénie, erreur de diagnostic.
00:19:59Le dossier médical : absence de discordance, discours cohérent, automatisme mental, arrêt du traitement, récupération du dossier médical.
00:30:42Vie amoureuse et amicale au lycée : jouer à être une femme, maquillage, euphorie de genre, orientation sexuelle, bienveillance des parents, suicide des ados, harcèlement scolaire, thérapie de conversion.
00:40:44Début de la vie d'adulte : placardisation, rencontre avec Viciss, conditions de travail, milieu du hacking, relation amoureuse, coming out, malaises vagaux, troubles anxieux, PTSD, TSPT, psychologie sociale, systèmes de croyances, autodétermination, reprise de confiance, techniques d’autoengagement, thérapie TCC.
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Illustration du buste d'une femme blanche aux cheveux roux avec les mains ouvertes en dessous de son visage, comme si elle allait y poser son menton. Elle montre la surprise.

Épisode #28.564mn
Euphorie, j’écris ton nom

Voici donc venu le temps du coming out. Comment la parole de Chayka sera-t-elle accueillie par sa compagne, ses amis et sa famille ?

Une fois encore, voici un chapitre fort en émotions. Mais j’y prends aussi un malin plaisir à poser à mon invitée une question piège, et non moins primordiale ! Sa réponse, tout en nuance comme d’habitude, commence par une mise au point sur la méthodologie scientifique et nous fait voyager de la psychologie à la philosophie, en passant par la sociologie et la politique. Un régal à la fois pour nos petits cœurs tendres et pour nos neurones !

Timecodes Épisode #28.5

00:01:15Le coming in : poser les mots pour soi-même, reportages sur la transidentité, peur de détruire son couple, conflit intérieur, besoin de sincérité, insupportable d’être perçue comme un homme, émancipation, Paul B. Preciado.
00:14:01Le coming out : stress intense, euphorie de genre, conséquences pour le couple, transitionner, transparentalité, représentation de l’homoparentalité, avoir deux mamans, coming out aux amis et aux parents, culpabilité des parents.
00:26:30Qu’est-ce qu’être une femme ? Identité de genre, identité narrative, essentialisation, différences hommes-femmes, discours transphobes, prescription naturalisante, interdictions, cherry picking, consensus scientifique, méta-analyses, méthodologie scientifique.
00:36:58La construction de genre : psychologie du développement, psychologie sociale, sociabilisation multiple, catégories saillantes, autodétermination, agentivité.
00:46:30Est-on dans une tautologie ? Se sentir femme, être dans le mauvais corps, perception de soi, attentes sociales de genre, psychologie politique, perception des minorités, rapports de domination, sexisme, discrimination, passing, transmisogynie, Julia Serano, récits mythologiques, fluidité de genre, Tirésias, Cénée, ambiguïté des définitions.
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Illustration d'une jeune femme qui semble être à une marche des fiertés. Elle nous regarde, souriante. Elle porte un bandeau blanc dans les cheveux et un masque aux couleurs du drapeau LGBT, qu’elle remonte avec sa main.

Épisode #28.662mn
La transition sociale et juridique

Passons maintenant aux différentes polémiques qui agitent tant les médias et les milieux militants, en ce moment.



Les mineur•es trans et non binaires d’aujourd’hui ne sont-iels pas victimes d’une épidémie, d’un effet de mode alimenté par les médias et les réseaux sociaux ? Voyons ce que les études scientifiques en disent…
Mais avant d’aborder cela, et pour prendre un peu de recul sur ces sujets brûlants, un bref aperçu des variations historiques et culturelles de la notion de genre me semble important.

Timecodes Épisode #28.6

00:01:19Variations historiques et culturelles : livre de la Genèse, Code Justinien, Moyen-âge, soumission de la femme, répartition des rôle homme-femme, Code Napoléon, Sainte Hildegonde, l’acte pose le genre, psychiatrisation de l’homosexualité, Two spirits, nations amérindiennes, dimension spirituelle, Inuits, Indiens, Polynésiens, obligation de définition, qu’est-ce qu’un homme ?
00:11:20La transition sociale : chercher son style, regard des autres, euphorie de Viciss, impact sur la sexualité, transphobie, prédateur sexuel, accès aux toilettes des femmes, cherry picking, homme incel, masculinisme, backlash.
00:28:31Se genrer au féminin : changement de prénom, dead name, morinom, réaction des parents, circulaire Blanquer, changement de prénom à l’école, cis-hétéronormativité, l’importance de se questionner sur le genre.
00:40:09L’hypothèse de la contagion sociale : ROGD, médiatisation de la transidentité, forum de parents de mineurs trans, étude de Littman, reproduction de l’étude.
00:51:17La transition juridique : changement de prénom, démarche en mairie, changement de sexe à l’état civil, décision du tribunal, mégenrage, dossier médical, obligation de réassignation sexuelle, stérilisation des personnes trans.
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Illustration du buste d'une personne androgyne. Elle nous regarde, sans expression particulière.

Épisode #28.764mn
La transition médicale

Nous tentons de répondre aux affirmations qui circulent ici et là et qui posent sérieusement question, mais aussi aux questions très sérieuses qui peut-être vous taraudent.
Les personnes trans et non binaires sont-elles atteintes d’une maladie psychique ? Quelles sont les options hormonales et chirurgicales actuellement disponibles pour leur permettre une transition physiologique ? Faut-il empêcher aux mineur•es trans d’avoir recours aux traitements hormonaux ? Les garçons trans sont-ils des lesbiennes qui choisissent de “devenir des hommes“ pour échapper aux discriminations ?
Comme toujours, Chayka fait preuve d’une grande pédagogie et ne manque pas de partager avec nous les résultats des dernières recherches scientifiques.

Timecodes Épisode #28.7

00:01:25La psychiatrisation de personnes trans : transexualité, DSM-5, dysphorie de genre, interdiction des thérapies de conversion, protocole SoFECT, real-life test, Trans-santé, obligation à l’hétérosexualité.
00:13:17Le traitement médical : traitement hormonal, TSH, répartition des graisses, pilosité, seins, odeur corporelle, organes génitaux, dicklit, voix, orthophonie, musculature, se reconnaître dans le miroir.
00:21:43Les traitements hormonaux pour les mineurs trans : bloqueurs de puberté, puberté précoce, stade 2 de Tanner, irréversibilité ? développement cognitif, densité osseuse, suivi pluridisciplinaire.
00:29:15Bénéfices du soutien à la transition : méta-analyses, soutien social et médical, amélioration du fonctionnement psychologique et de la vie sociale, diminution des risques, dépression, anxiété, suicides, soins médicaux d’affirmation, meilleure santé mentale, soutien parental, maltraitance, stress minoritaire, coming out, environnement médiatique hostile, mirage de la transition ? Ari Drennen.
00:39:07Effets secondaires du traitement hormonal : traitement à vie ? arrêt de traitement et substitution hormonale, information sur le rapport bénéfices-risques, risque de stérilité ? collectif Ypomoni, panique morale, choix éclairé chez les mineurs trans.
00:46:47Les opérations chirurgicales : chirurgie faciale, torsoplastie, augmentation mammaire, cordes vocales, réassignation sexuelle, vaginoplastie, phalloplastie, plaisir sexuel.
00:55:15L'âge de la transition : épidémie de garçons trans ? rééquilibrage de tranche d’âge, LGBT Survey Explorer, décalage de l’âge de coming out, dérives sectaires ? endoctrinement ? importance du vocabulaire, dialogue familial.
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Illustration d'une tête qui nous regarde, avec un masque blanc recouvrant le visage, et avec un doigt devant la bouche qui exige le silence. Le masque inspire la peur.

Épisode #28.863mn
La politique de la peur

Restent encore quelques questions épineuses à traiter. Sommes-nous face à une épidémie trans chez les ados ? Y a-t-il une surreprésentation des personnes autistes chez les personnes trans ? Assistons-nous à une explosion des retours en arrière, des détransitions ? Les revendications trans menacent-elles les droits des femmes ?

Timecodes Épisode #28.8

00:01:22Épidémie de transition chez les ados ? Le Figaro, Observatoire de la petite sirène, évolution du diagnostic de dysphorie de genre en Suède, évolution des critères de diagnostic du DSM-5, rhétorique de menace sanitaire, dysphorie de genre rapide.
00:07:38Surreprésentation des personnes autistes ? hypothèse spéculative, problèmes méthodologiques des études.
00:10:59La détransition : regret d’avoir transitionné, taux très faibles, facteurs de détransition, raisons internes et externes, retransition, surreprésentation médiatique, dossier de l'AJL sur la médiatisation de la transidentité, Caroline Eliacheff, crise sanitaire ? Miquel Missé, mythe du mauvais corps, essentialisation.
00:23:09Les risques sociaux : autogynéphilie, Ray Blanchard, paraphilie, perversion sexuelle, prédation sexuelle dans les espaces féminins, TERF, invisibilisation des femmes ? toilettes mixtes, droit à l’avortement, rhétorique d’extrême droite.
00:36:33La transphobie : violences conjugales, Transgender day of remembrance TDOR, psychologie sociale et politique, les facteurs de la transphobie, préjugés communs à l’homophobie, conventionnalisme, soumission à l’autorité, autoritarisme, hiérarchie sociale, SDO social dominance orientation, conservatisme, psychologie, fermeture cognitive, jugement social.
00:46:20Le sport féminin : âge de la transition, fonte musculaire, structure osseuse, règles des fédérations sportives, Fédération internationale d’athlétisme, Comité international olympique, Fédération internationale de natation, instrumentalisation anti-trans, rhétorique du doute, complotisme, remplacement des femmes ? victimisation des hommes trans, principe de précaution, protection de l’enfance, Manif pour tous, protection de l’enfance, PACS, psychanalystes.
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Illustration de la tête de David Bowie avec un éclair peint sur la figure, sous forme de néons de couleurs.

Épisode #28.960mn
Être transfuge de genre

Je ne résiste pas à l’idée de demander à Chayka de nous éclairer sur l’expérience si unique que vivent les transfuges de genre : qu’a-t-elle découvert en passant d’une vie sociale d’homme à une vie sociale de femme ?
Et au-delà de ça, doit-on ou peut-on abolir le genre, ses catégorisations et ses stéréotypes ?
Sautons donc à pieds joints dans le vertigineux tourbillon des questions existentielles que la transidentité soulève, et sans doute encore pour longtemps.

Timecodes Épisode #28.9

00:02:30L’orientation sexuelle des personnes trans : homophobie, thérapie de conversion, cishétéronormativité, bisexualité, hétérosexualité, homosexualité, asexualité.
00:07:17Les conséquences de la stigmatisation : ostracisation, idéologie conservatrice, forte anxiété, proches affectés par la transphobie, enfant exclue, homophobie, rester neutre, pédocriminalité, protection des enfants.
00:16:39La vie de transfuge de genre : bilan de la transition, sexisme ordinaire, misogynie, marcher dans la rue, la place des femmes, ambiguïté attributionnelle, injonctions, statut social, rapport asymétrique, stress minoritaire.
00:32:03Les milieux féministes : accueil des femmes trans, la peur de faire peur, femellistes, accueil des hommes trans, espaces non mixtes.
00:38:13Peut-on abolir le genre ? décloisonner le genre, Emmanuel Beaubatie, catégorisation, statut social, rapports de domination, cumul des minorités, classe sociale, Miquel Missé, identification à un genre donné, l'étonnement philosophique, non binarité, questionnement des normes de genre, pression sociale sur les hommes, masculinités toxiques.
00:45:48Guide des bonnes pratiques : les pronoms, mégenrage, dead name, questions sur la chirurgie, écouter, ne pas réduire la personne à sa transidentité, Wikitrans, transexualité, FtoM, MtoF, adelphes, egg.
00:56:37La minute stupide.
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L'émission en bref
Les meilleurs passages

Thème du mème :  | Citation : « Quel que soit le pays, les études estiment en moyenne que les personnes trans et non-binaires représentent 0,3 à 2 % de la population. En appliquant le bas de cette fourchette à la population française, on obtient 204 000 personnes. Bien au-dessus des chiffres officiels. » Chayka. | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « Les recherches portant sur les éventuelles raisons de la transidentité ne sont pas concluantes pour l’instant. Mais quels que soient leurs résultats, elles n’ont pas valeur à être prescriptives socialement et politiquement, ou à devenir un critère de “droit à exister” » Chayka. | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « La construction du genre est dépendante de facteurs socioculturels qui nous indiquent les rôles attendus chez les hommes et les femmes. Mais n’oublions pas qu’elle est aussi dépendante de l’individu lui-même qui, par sa singularité, est un déterminant parmi d’autres. » Chayka. | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation :  « Au début des années 1990, entre mes 5 et 8 ans, je n’avais pas de mots, rien pour nommer ce décalage pourtant si fort en moi. En parler à mes parents ? Pour dire quoi ? Comment en parler puisque je ne comprenais pas moi-même. J’étais dans une impossibilité cognitive. » Chayka. | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « Vers six ans, j’ai complètement transformé le panthéon chrétien en le mettant au féminin ! J’ai été tellement attristée d’apprendre ensuite qu’il ne comprenait quasiment que des gars… Au fond, je recherchais des représentations féminines, même dans la religion. » Chayka. | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « Au début du primaire, mes comportements pouvaient parfois correspondre aux stéréotypes féminins, mais ils n’étaient pas importants à mes yeux ; il s’agissait surtout d’un mimétisme de mes pairs : les autres filles. Je ne cherchais pas à correspondre, je cherchais à être avec. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « En sixième, les garçons me coursaient en me traitant de fille. C’est paradoxal quand on est trans… Je savais que c’était une insulte mais dans ma tête je me disais : “vous l’avez remarqué vous aussi ?”. Ça a renforcé mes peurs d’être ostracisée, d’avoir des ennuis. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « Au collège, j’ai beaucoup été dans l’évitement et le déni. Je voulais ne pas voir mon corps, je fuyais toute thématique sur la puberté, sans avoir conscience que ça allait finir par exploser quelques années plus tard, avec une dysphorie de genre massive et destructrice. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « J’entends dire que la transidentité viendrait de traumas, pourtant, aucune recherche sérieuse ne fait un tel lien. Aller chercher cela dans la vie d’une personne, inverser les chronologies, est très violent. Cela revient à la définir par les violences qu’elle a subies. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « Lors de mon harcèlement au collège, je préférais me blâmer. Je croyais qu’en identifiant en moi ce qui n’allait pas, j’aurais un contrôle sur les évènements, j’éviterais que ça recommence. Typiquement, on s’enferme, on internalise, et sans soutien ça peut conduire au pire. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « À 17 ans, une amie m’a proposé de m’habiller et me maquiller comme une femme. Ce qui m’a plu dans cette expérience, c’est surtout d’être dans cet échange avec une autre femme, entre copines ; ce que je n’avais pas pu vivre au collège. C’est ça qui m’a rendue heureuse. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « Si vous cherchez un psy, se renseigner sur sa spécialité est important. Par exemple, les TCC (thérapies cognitivo-comportementales) sont efficaces contre les troubles anxieux, donc pertinentes. Pour la transidentité, la psychanalyse n’est vraiment pas appropriée. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « À 34 ans, je me rappelle avoir pensé : “Je ne veux pas mourir perçue comme un homme.” Dès lors, le cacher à ma compagne me donnait l’impression de ne plus être sincère. Il fallait que je lui dise, malgré toutes les conséquences terrifiantes que je pouvais envisager. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « La sociabilisation de genre n’est ni homogène ni bien distincte entre filles et garçons. Les sociabilisations varient selon l’environnement familial, l’école, les activités, et ce, tout au long de la vie. Notre rapport au genre est en fait une construction active. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « Les femmes trans subissent une double injonction, parfois appelée transmisogynie. Par exemple, si elles sont perçues comme trop féminines, on les accusera d’alimenter des stéréotypes ; si elles ne sont pas assez féminines, on les accusera de ne pas être de vraies femmes. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « Demander aux personnes trans de définir ce qu’est une femme, c’est sous-entendre qu’elles ont la responsabilité d’une définition simple et fermée, dont dépendrait leur existence. Si leur réponse est complexe, non réduite à la biologie, elles sont accusées d’idéologie. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « La transition d’une personne trans n’est jamais uniquement personnelle. Elle concerne le couple, la famille, elle implique un changement progressif dans le regard des autres, dans la manière dont on s’adresse à elle. C’est tout l’environnement social qui transitionne. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « La transidentité des ados n’est pas un effet de mode ou une contagion sociale. Ces hypothèses de dysphorie temporaire sont apparues en 2016 sur des forums américains de parents refusant la transidentité de leur enfant. Aucune étude sérieuse ne soutient cela à ce jour. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « La dysphorie de genre est une conséquence possible de la transidentité, non une cause. Elle n’a pas à être ce qui légitimerait une transition. Beaucoup de personnes trans et non-binaires ne l’ont jamais vécue. Moi-même, je n’ai pas transitionné à cause de crises dysphoriques. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « Les études en psychologie montrent que l’absence de soutien social des mineurs trans augmente les comportements autodestructeurs, dont le suicide. Infliger une thérapie de conversion est pire que tout, c’est de l’ordre de la maltraitance. En France, c’est un délit. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « Généralement, les garçons trans font leur coming out plus tôt que les filles trans, d’où une différence de ratio à l’adolescence. Ce décalage peut s’expliquer par une puberté plus précoce chez les garçons trans, et par une plus grande pression sociale sur les filles trans. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « Seules 0,6 à 1% des personnes trans interrompent leur transition. Et pour 82,5%, elles invoquent des raisons externes : pression familiale, à l’école, stigmatisation, difficulté à trouver un emploi, etc. Quand les choses vont mieux, la transition peut être reprise » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « La transphobie, c’est la discrimination et la stigmatisation des individus qui ne se conforment pas aux normes traditionnelles de sexe et de genre. Les études en psychologie montrent qu’on la retrouve fortement associée au conservatisme et à l’autoritarisme de droite. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « Il y a de nombreuses passerelles entre la transphobie et l’homophobie. On retrouve d’ailleurs des rhétoriques similaires avec la Manif pour Tous par exemple qui, il y a 10 ans, voulait interdire le mariage homosexuel au nom de la biologie et de la protection des enfants. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « Selon certains, la transition serait une sorte de thérapie de conversion contre les homos, pour les rendre hétéros. Or, les données montrent que l’orientation sexuelle des personnes trans est très hétérogène : bi 32,5%, hétéro 21%, homo 19,5%, asexuel 6,5%, autre 20,5%. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « Au nom de la protection des mineurs, les discours virulents contre la transidentité ostracisent non seulement les enfants et adultes trans, mais aussi leurs proches. Ma fille de 8 ans a été empêchée d’aller à un goûter chez sa meilleure amie parce que je suis trans. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « Dans l’Antiquité, le début de la réflexion philosophique commence par l’étonnement : cet éclair qui nous foudroie quand on réalise que quelque chose ne va pas de soi. Je pense que la transidentité provoque cet étonnement qui ouvre à la réflexion, qu’on soit trans ou non. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :

Ressources
Pour aller plus loin

Ressources Épisode #28.1
Le sexe et le genre

Les activités de Chayka :

Psychologie sociale :

Définitions :

Le sexe biologique :

Différences des sexes en neuroscience :

  • Sex beyond the genitalia: The human brain mosaic, par Daphna Joel, Zohar Berman et al. (journal Proceedings of the National Academy of Sciences of the USA, novembre 2015) : https://doi.org/10.1073/pnas.1509654112
  • Beyond sex differences: New approaches for thinking about variation in brain structure and function, par Daphna Joel et Anne Fausto-Sterling (journal Philosophical Transactions, février 2016) : https://doi.org/10.1098/rstb.2015.0451

Transidentité et mobilité sociale :

  • Transfuges de sexe. Passer les frontières du genre, d’Emmanuel Beaubatie (La Découverte, 2021).
  • “Transfuges de sexe“ Entretien avec Emmanuel Beaubatie (Politika, février 2022) : https://www.youtube.com/watch?v=rY2VaLhjQ5c

Exemple d’étude qui explore les facteurs biologiques de la transidentité :

  • The neuroanatomy of transgender identity: Mega-analytic findings from the ENIGMA transgender persons working group, par Sven Mueller, Antonio Guillamon et al. (The Journal of Sexual Medicine, juin 2021) : https://doi.org/10.1016/j.jsxm.2021.03.079

Études sur le genre ou la théorie du genre :

  • L’invention de la “théorie du genre“ : le mariage blanc du Vatican et de la science, par Odile Fillod (revue Contemporary French Civilization, janvier 2014) : https://doi.org/10.3828/cfc.2014.19
  • Les psychologies du genre : regards croisés sur le développement, l’éducation, la santé mentale et la société, de Vincent Yzerbyt, Isabelle Roskam et Annalisa Casini (Mardaga, 2021).

Nombre de personnes trans dans la population :

Émission citée :

Ressources Épisode #28.2
Le monde et ses codes

Transidentité :

Attentes sociales, influences, normes et stéréotypes :

Problème de mixité à l’école :

Humiliation scolaire :

Références culturelles pendant l'enfance :

Ressources Épisode #28.3
Le prix de la différence

Psychologie scientifique :

Tests projectifs et psychanalyse :

Homosexualité et transidentité :

Harcèlement Scolaire :

Agression et violence sexuelles :

Émission citée :

Ressources Épisode #28.4
Perdu à soi-même

Psychologie :

Schizophrénie :

Transidentité :

Souffrance chez les ados trans :

Émission citée :

Ressources Épisode #28.5
Euphorie, j’écris ton nom

Vocabulaire :

Transphobie et homophobie :

Parents trans :

Sur le coming out :

Sur la construction du genre :

Qu’est-ce qu’un homme / une femme ?

  • Le deuxième sexe, de Simone de Beauvoir, 1949 (Gallimard, 1986).
  • Corps en tous genres : la dualité des sexes à l’épreuve de la science, de Fausto-Sterling (La Découverte, 2012).
  • Le mythe de la virilité, de Gazalé Olivia (Decitre, 2019).
  • Beyond the genitalia: What is a hu-WO-man? par Amal Abdellatif (Revue Organization, janvier 2023) : https://doi.org/10.1177/13505084221145532

Mythologie :

Émission citée :

Ressources Épisode #28.6
La transition sociale et juridique

Vocabulaire :

Variations historique et culturelle :

Sur le ROGD et la contagion sociale :

Articles scientifiques examinant l’hypothèse du ROGD :

À propos des mineurs trans et des parents :

Homophobie / transphobie / sexisme et stéréotypes :

Transidentité à l’école :

Transition sociale chez les mineurs :

  • Gender identity 5 years after social transition, par Kristina Olson, Lily Durwood et al. (American Academy of Pediatrics, juillet 2022) : https://doi.org/10.1542/peds.2021-056082
  • Exploring the gender development histories of children and adolescents presenting for gender affirming medical care, par Laura Kuper, Louis Lindley et Ximena Lopez (Clinical practice in pediatric psychology, septembre 2019) : https://psycnet.apa.org/doi/10.1037/cpp0000290
  • Prepubertal social gender transitions: What we know; what we can learn – A view from a gender affirmative lens, par Diane Ehrensaft, Shawn Giammattei et al. (International Journal of Transgenderism, mars 2018) : https://doi.org/10.1080/15532739.2017.1414649

Transition administrative en France :

Émission citée :

Ressources Épisode #28.7
La transition médicale

Vocabulaires :

Psychiatrisation et dépathologisation de la transidentité :

Transition médicale :

Transition médicale chez les mineurs :

Santé mentale des mineurs trans :

  • Mental health and self-worth in socially transitioned transgender youth, par Lily Durwood, Katie McLaughlin et al. (Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry, novembre 2016) : https://doi.org/10.1016/j.jaac.2016.10.016
  • Access to gender-affirming hormones during adolescence and mental health outcomes among transgender adults, par Jack Turban, Dana King et al. (PLos one, janvier 2022) : https://doi.org/10.1371/journal.pone.0261039
  • The buffering role of social support on the associations among discrimination, mental health, and suicidality in a transgender sample, par Michael Trujillo, Paul Perrin et al. (International Journal of Transgenderism, novembre 2016) : https://doi.org/10.1080/15532739.2016.1247405

Thérapie exploratoire et de conversion :

Traitement médiatique de la transidentité :

Ratio Homme trans / Femme trans :

Ressources Épisode #28.8
La politique de la peur

Autisme et transidentité :

Médiatisation et désinformation :

Détransition / retransition :

Autogynéphilie :

Mouvements anti-trans :

Régressions des droits LGBTQI+ aux États-Unis :

Transphobie et jugement social selon la psychologie :

Sport féminin :

Ressources Épisode #28.9
Être transfuge de genre

Vocabulaire :

Parcours trans :

Femellisme :

Orientation sexuelle des personnes trans et cis :

L’ambiguïté attributionnelle :

Sexisme et hétéronormativité :

Féminisme et transidentité :

Masculinités :

Conseils :

Suggestions
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Bienveillance et scepticisme

Avec Virginie Bagneux, Richard Monvoisin et Élisabeth Feytit

Richard Monvoisin, didacticien des sciences, Virginie Bagneux, chercheuse en psychologie sociale, et Élisabeth Feytit parlent bienveillance.

Échangeons
Commentaires

  1. Bien. Très bien. Excellent.
    Bon, je suis une meuf trans’, donc forcément c’est pas super objectif ?
    Et bien si, au contraire.
    La vieille activiste que je suis est, j’espère, encore en mesure de faire la différence.
    Bravo Chayka.
    Bravo Élisabeth.

    ^^

  2. En tant que grande fan de Horizon gull comme de meta de choc, quel immense plaisir que de retrouver chayka sur cet épisode !!! Trop hâte de l écouter. Merci beaucoup pour tout votre travail de vulgarisation à portée de tous.

  3. bonjour
    j’ai 60 ans je suis la mère de 3 enfants dont un enfant trans non binaire (M to F) d’une vingtaine d’années; je le genre encore régulièrement au féminin, ce qui cause de grandes tensions, et même si je comprends le ressenti de non acceptation de sa part, j’ai beaucoup de mal à ne jamais fauter.
    j’ai conscience du fait qu’il n’existe probablement pas de recette, mais si vous avez des ressources sur ce thème , je suis preneuse.
    merci beaucoup pour toutes vos émissions, pour tout ce travail fourni, je reste fidèle à vos publications.

    1. Bonjour,

      Déjà, je voudrais vous féliciter pour ainsi vouloir faire les choses au mieux, et que si des maladresses peuvent arriver, je suis sûr que votre enfant fait la part des choses malgré des potentielles tension, ne vous en faites pas. Ce n’est nullement volontaire de votre part, vous n’avez pas à vous en vouloir. Si à un moment lors d’une formulation vous vous rendez compte que votre propos a été maladroit, pas de panique, il suffit simplement par exemple de revenir sur le dit propos, de le reformuler selon ce qui vous semble plus juste.

      Parmi les ressources que je peux vous conseiller, il y a par exemple le Wikitrans qui est très bien :

      – Les bases à connaître sur la Transidentité https://wikitrans.co/intro/
      – Quels pronoms utiliser pour une personne quand je ne suis pas sûr·e ? https://wikitrans.co/2019/02/25/quels-pronoms-utiliser-pour-une-personne-quand-je-ne-suis-pas-sure/

      J’espère que cela pourra vous aider, et merci à vous pour la bienveillance que vous avez et la volonté de faire au mieux,

      Chayka

  4. Bonjour,
    j’ai parcouru le glossaire et vous remercie pour ces notions qui invitent à la vigilance quant à notre propre pensée. C’est un super répertoire qui permet d’avoir sur un même support beaucoup de ressources utiles ! J’ai écouté Maud et son parcours et je l’a remercie pour son analyse, sa précision et sa franchise. J’ai commencé à écouter votre enquête sur les notions de transidentité, et je me demande si sera questionné le fait d’une société qui impose des comportements selon les sexes, donc qui impose des genres (c’est-à-dire des coutumes ou comportements assignés à chaque sexe), et qui a pour effet de générer des problèmes. Quelle serait une société qui n’oblige à aucun comportement particulier de genre et laisse libre chacun de se vivre. Aurait-on besoin de changer de corps pour vivre sa particularité ? Il me semble que souvent la question est posée à l’inverse. On développe des stratégies pour s’adapter au contraintes de genre imposées au lieu de questionner et de changer ce qui dans la société fait souffrir ceux qui n’arrivent pas à rentrer dans les normes. Si nous supprimions ces normes, que se passerait-il ? Souffririons-nous de nos particularités ? Pourquoi cette société normative investie-t-elle tant dans des solutions très technologiques (notamment médicales) pour répondre aux problèmes qu’elle génère ? Interrogez-vous cet aspect des choses ? Je vous remercie encore pour votre travail et votre attention. Cordialement.

    1. Bonjour,

      Les injonctions aux stéréotypes, aux croyances concernant le genre et les rapports asymétriques que cela entretient entre les hommes et les femmes est hautement préjudiciable, pour tout le monde. On évoque dans le chapitre 1 cette hypothétique société sans normes de genre, et il me semblent que tous les questionnements qui sont les nôtres actuellement se trouveraient sans doute obsolètes, tout du moins ne pourraient plus être formulés de la même manière. Verrait-on moins de transition ? Possible, mais je crois qu’il y a tout du même quelque chose qui demeure questionnable : le rapport à son propre sexué. Certaines transitions peuvent passer par une transition médicale (pas tous), qu’en serait-il alors dans cette société hypothétique ? Les personnes qui transitionnent le font-elles par injonction uniquement, pas la volonté de rejoindre une norme ? Je n’en suis pas sûr. Est-ce que dans une société aussi souple sur le genre ne verrait-on pas au con-traire, non pas une abolition du genre, mais un décloisonnement du genre, et donc davantage de profils, de parcours, de rapport au corps selon la singularité de chacun et de chacune ? Je laisse ces questions en suspens, déjà parce que je n’ai pas la réponse, et aussi parce qu’on en reparlera plus tard dans la série.

      Une chose est sûre, je crois, c’est que l’assouplissement de ces normes ne pourra qu’être bénéfique, car il y a bien trop de souffrances qui découlent de tels cloisonnements.

      Concernant des solutions médicales, je ne suis pas sûr que ce soit là une solution de la société, tant on voit les frictions que cela pose. Les parcours médicaux sont très disparates, certains parcours étant particulièrement normatifs (notamment dans le public), alors que d’autres au contraire ne s’inscrivent pas dans une telle normativité.

      Pour un avis plus personnel, je trouve en effet que considérer la transidentité comme un problème à résoudre et qui ne passerait pas une logique médicale où la personne n’aurait pas son mot à dire, ou si peu, est problématique. Tout autant que les injonctions que les personnes trans peuvent rencontrer, qui peuvent par exemple passer par une injonction au « passing » comme si la personne devait parvenir à un « résultat » attendu, en sommes réintégrer des normes, des attentes et des rôles venant de l’extérieur. C’est selon moi un véritable problème, et nous aurons l’occasion d’en reparler durant la série (peut-être pas aussi directement, mais je pense que vous trouverez tout de même des élément, pas forcément de réponse, mais en terme d’approfondissement quant à ces questionnements).

      Bien à vous,
      Chayka

  5. Puisse les étiquettes, cases et normes s’envoler si haut dans le ciel que jamais elles ne reviendront…
    Puisse notre bonheur d’avoir le courage d’être authentique ouvrir les yeux de tous les êtres.. Car il n’y a ríen de plus beau que de ne plus se mentir.. Quelque soit le ou les mensonges…

    Léo

  6. Chayka,
    Quel courage, quel maturité déjà en primaire ! Votre magnifique témoignage me bouleverse, c’est très enrichissant, vous m’impressionnez par votre force. Merci de le partager, merci vraiment.
    J’ose espèrer que les enfants d’aujourd’hui, et surtout leurs parents ou leur entourage, sont mieux informés et peuvent mieux comprendre la transidentité. Bravo pour votre travail, il doit y avoir encore du chemin pour vulgariser, informer, aider, accompagner… la transidentité.
    Étant née également dans le milieu des années 80, étant pourtant née fille et me sentant femme profondément, je m’aperçois cependant avoir eu aussi des questionnements, étant petite, sur le genre ; je me suis retrouvée parfois dans vos questionnements d’enfant…et mes questionnements d’adulte !
    Bien sûr que tout le monde profitera de moins d’injonction aux stéréotypes, moins de croyances liées au genre, je suis totalement d’accord.
    Ce podcast est aussi l’occasion de parler de transidentité en famille, avec nos enfants et ça, c’est très important je trouve, de parler facilement en famille de ces thèmes. Merci Élisabeth pour offrir cette possibilité de discussion ! Vos podcasts sont toujours un point de départ pour ouvrir une discussion sur les thèmes que vous abordez.
    Merci à toutes les deux, j’ai hâte de découvrir les prochains épisodes !

  7. Chère Chayka,
    Merci infiniment pour ton témoignage tellement sincère et riche.
    C’est d’autant plus bouleversant pour moi que, d’une part je découvre ton témoignage après avoir connu le formidable travail d’enquête et vulgarisation que vous réalisez avec Viciss, et aussi parce qu’une personne qui m’est très proche a un parcours assez similaire : harcèlements à caractère homophobes durant l’adolescence, ayant conduit à de l’autodépréciation et traumatismes psychiques, suivi d’un long travail de reconquête grâce à la psychologie et la sociologie. Je suis tellement triste et en colère devant autant de gâchis et de souffrances. C’est très difficile pour une victime de s’aimer, de reprendre confiance en elle et de témoigner suite à un traumatisme et aux pressions et violences sociales homophobes/transphobes/psychophobes. C’est douloureux aussi pour moi en tant que proche de voir tout l’impact psychologique de ces violences, les tabous et refoulements et aussi l’énorme énergie et travail qui doivent être déployés pour tout simplement vivre normalement. Je suis admirative devant tout le travail que tu as accompli personnellement et en parallèle via ta chaîne, par ta capacité à comprendre et ne pas juger, par ton courage de témoigner et de donner à chacun-e des outils pour se défendre.

  8. Chayka,
    J’admire la manière dont vous êtes arrivée à poser des mots et à analyser aussi clairement vos modes de fonctionnement sur ce qui se passait dans votre tête durant votre enfance, adolescence jusqu’à la personne adulte que vous êtes. Pour être sincère, votre discours me soulage et me chamboule en même temps: je me retrouve dans certains aspects du fonctionnement psychologique que vous décrivez dans le podcast et pouvoir mettre et entendre mots sur des déchirements intimes, me soulage énormément. Paradoxalement, ces aspects qui me rendent calmes font ressortir une crainte immense de perdre la personne avec qui je partage ma vie si je m’autorise à être honnête tout d’abord avec moi puis avec elle.
    Merci à vous, Chayka, pour votre courage et à Elisabeth pour ses merveilleux podcast

  9. Fouille ouille ouille! Je ne suis pas encore arrivé au bout de la série, mais je me permets de partager quelques réflexions.
    un : méta de choc, le titre a rarement été aussi adapté. Comment nous percevons nous? Quelle est la place des normes sociales dans notre construction? Comment accueillir un tel bouleversement par rapport au vécu de plus de 50 ans par l’homme cisgenre que je suis? J’avoue que si je perçois intellectuellement ce qu’explique Chayka, je suis pour l’instant complètement incapable de l’intégrer : trop éloigné de mon vécu et de ma construction personnelle. Mais la prise de recul sur la notion de genre, de sexe, de qui nous sommes est passionnante et à mes yeux indispensable. Elle me semble rejoindre en partie les combats féministes et enfoncer le clou sur la transformation radicale en cours dans nos sociétés sur des relations entre individus fondées sur la personne et non le stéréotype auquel nous souhaitons la faire correspondre.
    Deux : est-ce que notre société évolue dans son acceptation de la différence? J’essaye d’imaginer la souffrance et le combat que votre parcours a du représenter.
    Trois : l’évolution de notre société sur ces sujets est souhaitable. Mais la période de transition (sans mauvais jeu de mots) va être compliquée. Et je m’interroge sur ma capacité à accompagner mes filles sur des sujets que je ne comprends encore que vaguement.

    Merci en tous cas à Elisabeth de me bousculer régulièrement et à Chayka de me donner quelques clés, même si j’ai bien compris que chaque cas est particulier et que votre témoignage n’a pas de valeur universelle.

    Hervé

  10. Bonjour,
    J’ai écouté les quatre premiers épisodes de la série, avec beaucoup d’émotion. Je suis très touchée par le récit de Chayka et j’ai versé une larme à plusieurs reprise, notamment lorsqu’elle évoque les passages liés à son harcèlement et au mauvais diagnostic avec la psychiatre.
    Au delà du récit et de son parcours, j’ai énormément de questions pour moi-même concernant le fait d’être un homme et/ou une femme. Vous posiez une question qui a beaucoup raisonnée en moi, à savoir si il y aurait des questions de transidentité dans le cas où les stéréotypes de genres étaient gommés. Cela m’a valu de longues heures de réflexion! Je suis maman d’un enfant de 4 ans, de sexe masculin et j’essaie de l’éduquer de manière non genrée, dans le sens où il n’y a pas de couleur, vêtements, jeux, compétences de filles ou de garçons. Il connaît la différence anatomique qu’il existe entre les garçons et les filles. Il me demande de porter des shorts comme des jupes, aime le rose comme le bleu, s’identifie à des personnages fictifs autant masculins que féminins. Et à l’entrée à l’école il a commencé à me questionner sur des sujets liés au stéréotypes de genre « pourquoi y’a que les filles à l’école qui ont des robes? ». Je lui ai expliqué ce qu’étaient les stéréotypes de genres et que dans notre société, les robes étaient vues comme des vêtements de filles. Et il m’a répondu « alors je veux être une fille ». Et ensuite dans ma tête est venue la question « c’est quoi être une fille? » dans le sens genrée au delà du fait d’être sexuée fille avec utérus/vulve/vagin etc. Est-ce que si tout cela n’était pas présent, les stéréotypes de genres, est-ce que la question se poserait ? d’avoir à s’identifier dans un genre ou de s’inscrire dans un genre ou un autre? Et est-ce que sans aucune influence des stéréotypes de genre, on tendrait à se genrer intérieurement dans le sens « se sentir homme ou femme ». Dans mon cas, après écoute du podcast et après réflexion, je ne me sens pas genrée en fait. Je suis de sexe féminin, mais je ne me sens pas plus homme que femme. Car je ne saurais pas répondre à la question « si je me sens femme, c’est par rapport à quoi? Et si je devais dire que je me sentais homme, ça serait par rapport à quoi? ». J’ai noté une phrase formulée dans le premier épisode qui était que la transidentité venait du fait de ne pas se reconnaître dans le sexe assigné à la naissance » et je me suis demandée « par rapport à quoi ? » sur la question de se sentir en dehors des normes traditionnelles de genres, j’en reviens aux stéréotypes. Je me fais la réflexion de la non binarité et de me demander si elle ne serait pas un état de « norme » en dehors de l’existence des stéréotypes ? Si je m’applique cette réflexion à moi-même, je me sens ni homme ni femme en fait, je peux dire que j’ai une physiologie, un corps de femme mais au delà, si je me pose sur un genre c’est toujours rattaché à des stéréotypes.
    Bref, merci encore une fois de nourrir ma réflexion et de faire bouillir mon cerveau !

    1. Merci pour ce riche partage de réflexion, Amélie.
      Je crois que le sujet de l’identité de genre n’a pas fini de nous faire des nœuds au cerveau ! Et nos enfants ne nous soulagent pas de ce point de vue-là non plus, ahah !
      J’espère que la suite de la série vous plaira.

  11. Bonjour,

    merci pour ce podcast très intéressant qui explore vraiment dans sa globalité l’expérience personnelle de Chayka. Merci pour votre honnêteté, en écoutant on sent vraiment que vous essayiez de nous raconter les choses depuis votre intimité.
    Je voulais juste réagir à la partie où vous parlez de votre agression sexuelle et me permettre une remarque. Je ne pense pas que vous ayez accepté de jouer au jeu car on vous proposait de faire la fille, cela a certainement aidé certes mais : les enfants acceptent les jeux et même pire parfois ils ne savent juste pas dire non à un adulte. J’ai trouve que ce passage problématique pour les personnes ayant vécu des agressions et qui auraient « juste » accepté de jouer à un jeu. Je comprends que pour vous cela fait sens de mentionner ça mais sachez que même un petit garçon, sans questionnements de genre et de sexe, à qui on proposerait un jeu où il serait la fille à des fins d’agression pourraient accepter sans pour autant vouloir être une fille.
    J’espère que vous comprendrez mon message et qu’il ne vous offensera pas.

  12. Bonjour, juste un petit message pour vous remercier, l’équipe, et surtout Chayka, pour ces neufs épisodes teeeeellement addictifs ! Je suis une femme cis et je me pensais disons curieuse et bienveillante sur ces questions, mais je n’avais pas réalisé à quel point les questions autour de la transidentité sont aussi des questions qui nous concernent tous et toutes, que je résumerai mal en « comment la société influe, pèse, nous influence et vice-versa ». Et je pense sincèrement que le caractère, les qualités de vulgarisatrice, et le gros boulot de recherche de chiffres, d’explication de définitions complexes, et l’entrain de Chayka ont fait pour beaucoup dans mon écoute attentive. Je lui souhaite de tout coeur à elle et sa famille une superbe continuation, et encore merci pour son partage de vie, et surtout de connaissances !

  13. Merci pour ces épisodes passionnants. C’est vraiment chouette d’entendre Chayka raconter son parcours, cela permet vraiment de ressentir de l’empathie et de gagner en compréhension pour les personnes trans.

    Chakya, je serais curieux de savoir si dans tes rêves nocturnes à différents moments de ta vie, tu avais déjà un corps, des vêtements, des comportements typiquement féminins ? Est-ce que parfois tu avais des rêves avec une identité masculine ? Y a-t-il eu un moment charnière où ton identité dans ton monde onirique serait passée entièrement au féminin ?

    Je serais aussi vraiment intéressé par la réfutation (si possible) des arguments des opposants à la transidentité. Je pense notamment à Matt Walsh et Jordan Peterson. Car eux citent des données sur la suicidalité des personnes trans, qui resterait élevée avec ou sans transition (mais pour quelle(s) raison(s)?) . Peterson affirme aussi que la transidentité pourrait être mieux comprise en termes de tempérament/comportement, certains comportements/tempéraments étant typiquement féminins/masculins. Il ajoute que selon Kenneth Zucker (psychologue & sexologue), environ 90% des personnes avec un questionnement transidentitaire à l’adolescence se révéleraient homosexuelles à l’âge adulte, avec au final une identification au sexe de naissance. Walsh lui part du principe que le sexe détermine le genre, et que s’y opposer c’est du délire. Le site des Femellistes me semble reprendre leurs argumentatns.

  14. Bonjour,

    Ouf !, j’ai enfin passé la ligne d’arrivée de ce marathon ! 🙂

    Merci Elizabeth pour la qualité de cet entretien, et merci Shayka d’avoir donné autant de toi, j’espère que ce témoignage fera office de référence, afin qu’il soit l’un des derniers de ce type (en ce qui concerne la première partie). En tout cas pour un temps !

    Je découvre en même temps que ce témoignage les podcasts Méta de Choc et Hacking Social, je crains à présent énormément pour mon temps libre (j’en ai encore un peu, vu le pavé qui suit).

    Quelques remarques/questions :

    – Parmi les choses à faire ou ne pas faire devant la transidentité, je souhaite rajouter cet élément là : une personne ayant connaissance de la transidentité d’une autre personne n’a pas l’autorisation implicite d’en parler à des tiers. Pour des raisons de respect de l’intimité de la personne, mais également pour des raisons de sécurité. A mon avis, seul la personne trans peut demander à ce que cette information soit partagée ( il ne me semble pas convenable de demander l’autorisation).

    – J’ai adoré la manière d’aborder le sujet du biais par lequel j’ai tendance à classer la détermination personnelle (sauf la mienne, bien sur…) comme conséquence d’un ensemble de facteurs traumatisants. Je cherchais le concept de « chronologie des évènements » depuis un moment. Merci Chayka.

    – Ce qui m’amène à une réflexion sur la manière dont a été mené cet interview. J’imagine que l’attractivité du reportage n’aurait pas été aussi fort, si le témoignage avait été abordé à l’envers ? En gros, admirer la beauté de la personne dans sa réalisation actuelle, et éventuellement identifier les couleurs « trans » qui la constituent, plutôt que de partir d’une esquisse, de compléter l’ébauche au fur et à mesure, en laissant le loisir aux spectateurs de dire in petto « moi, j’aurai utilisé une autre couleur », « évidemment, avec cette technique là, devant ce problème, il ne pouvait qu’utiliser cette technique », etc.
    Peut-être qu’ainsi nous n’aurions pas le loisir de présupposer des liens de causalités mal maitrisés, issus de nos vécus et de nos sciences? La personne qui se livre de lui-même possède la science infuse. Moi, j’en ai la science confuse…

    – Il me semble qu’il y a une petite recommandation à destination des personnes trans à ajouter (peut être que ma voracité m’a fait faire de trop grandes bouchées, et que je n’ai pas détecté que l’information qui va suivre à déjà été partagée).
    En ce qui me concerne, l’euphorie de genre, la joie d’exister en vérité, une fois réalisée, j’ai souhaité que mon identité soit accepté inconditionnellement autour de moi. Parce que pour moi, mon identité est une évidence. J’ai, en revanche, « eu le loisir » de passer plusieurs années à déconstruire les croyances qui me détournaient de cette évidence. Ce qui n’a pas été le cas de la majorité de mes proches. L’identité de genre est une croyance qui est fondamentale, si j’ai bien compris. Je crois également comprendre que, pour l’atteindre, il faut préalablement s’attaquer à d’autres croyances, de la plus simple et accessible à la plus tortueuse et occultée.
    Ce détail pour relativiser l’intensité de la frustration (légitime, surtout si on aime la personne concernée) que l’on peut ressentir devant des positions qui semblent irrévocables. Pour certain.es d’entres elles/eux, je cherche encore en moi-même les techniques d’échanges, peut-être les techniques d’entretien épistémique, si je comprends bien le premier podcast de Méta de Choc? Peut-être s’en détacher, avec le deuil et le regret? Peut-être laisser le temps éroder nos aspérités réciproques?

    Dernier élément, toujours à notre sujet: je crois nécessaire, exercice pas toujours simple, de savoir distinguer les situations bienveillantes des situations hostiles. Je vois deux situations bienveillantes, que notre extrême sensibilité à tendance à identifier comme hostile :
    – le mégenrage par une personne trans ou alliée. Il me semble obligatoire qu’un mégenrage ne soit pas ignoré, mais à proportion de la relation, d’autant plus historique, de l’auteur.ice avec moi. Je me suis mégenrée moi-même très souvent dans les premières années de ma transition. Keep cool… Et corrige!
    – Plus complexe, et là je suis plus spectatrice : il me semble important d’accorder une attention au.x partenaires. Certain.es, très acceptant.es, peuvent révéler des fragilités que le parcours de transition peut exacerber. Par exemple, une personne s’identifiant un poil plus masculine, mais ne s’associant pas à la masculinité toxique, pourrait éventuellement et inconsciemment considérer tous ses comportements comme toxiques vis à vis de l’évolution de son/sa partenaire, quitte à s’oublier et à oublier ses propres besoins (ce qui peut conduire à la dépression, il me semble – et/ou à une fracture de la relation?). Là aussi, je crois nécessaire de prendre du recule sur la faculté affichée d’adaptation, et la réalité.

    … Tempête de pensée et idée de classe 5 dans ma petite tête avec ces sujets…

    Très bonne continuation à toutes les deux, et à vos équipes, j’ai plaisir à m’observer évoluer grâce à vos partages ! 🙂

    A.

    (nb : j’ai écouté quelques autres podcast entre-temps, et je remarque une chose récurrente chez les interviewé.es, l’emploi régulier d’un outil de synthèse, le fameux « et cetera ». Serait-ce à dire que les émissions seraient bien trop longues sans son usage? 😉

  15. Merci à toutes les deux pour cet échange passionnant.
    Je me permets un commentaire – me trouvant exceptionnellement sur le site – pour faire part de ma surprise à entendre Elisabeth dire qque chose comme « pas évident car se retrouver genré en femme c’est descendre socialement »…
    J’entends tout ce discours sur « la place des femmes dans la société », statistiques à l’appui, mais j’ai trouvé la phrase d’Elisabeth très choquante et malheureuse, comme si elle avait intériorisé cela comme une vérité.
    J’ai 48 ans, j’ai un grand frère et des parents qui n’ont jamais fait de différence entre nous. Je ne me suis jamais sentie inférieure socialement car femme. Toujours traité par le mépris ceux qui prétendaient me dénigrer car femme (des imbéciles, qui me semblent relativement peu nombreux). J’habite en Italie du nord depuis 7 ans et ai découvert une société avec un fond bcp plus machiste que la France (j’ai vécu en Espagne 15 ans et n’en n’ai pas vu la trace, encore moins qu’en France), qui plus est agiste (je suis femme mais d’un age qui commence à ne plus etre très consommable (pour prendre un vocable que j’ai bcp entendu!), j’hallucine encore régulièrement de la fréquence de l’attitude chelou de plein d’hommes ici à traiter avec moi juste comme avec une personne lambda).
    Bref, tout ça pour dire que je ne trouve pas judicieux d’appuyer sur une situation (le statut social supposé « inférieur » de la femme, car femme) – au point de l’intérioriser – pour la combattre. Le seul combat que je connaisse à cette situation c’est d’affirmer notre égalité.
    Il me semble d’ailleurs que votre invitée est quelque peu surprise de l’angle de cette question quand vous la lui posez.
    En rappelant cette phrase de Romain Gary que j’adore : « l’homme est supérieur à la femme et la femme est supérieure à l’homme, et c’est pour ça qu’ils sont égaux. »

    1. Bonjour Caroline,
      merci pour votre retour critique. Si j’ai utilisé cette formulation, c’est parce que toutes les études s’accordent à dire que le statut social des femmes est bien inférieur à celui des hommes. Le fait de devenir socialement une femme correspond bien à un déclassement. À ce sujet, les hommes trans témoignent de la façon dont leur vie s’est largement améliorée à partir du moment où ils ont été perçus socialement comme des hommes. Il me semble tout à fait important de souligner ce fait : les inégalités sociales entre hommes et femmes sont une réalité quotidiennes et bien tangibles statistiquement, qu’on s’en sente la victime ou pas.

  16. Bonjour
    Je retrouve ici des approximations et une grande relativisation de la « vérité »qui ressemble au « tout est possible, tout est vrai » du new âge ..pourquoi chercher dans le biologique, au risque de dire tout et son contraire ( l artifice du répondeur du futur est symptomatique) une légitimation de ce qui relève du libre arbitre de chacun ?

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