#28

La transidentité, au-delà des apparences

Avec Chayka

La transidentité soulève énormément de questions et donne lieu à une multitude d’affirmations qui souvent se contredisent les unes les autres. Je ne suis quant à moi pas surprise de la bousculade ambiante, ce thème étant à peu près le plus perturbant qu’on puisse trouver, puisqu’il touche à l’identité de chacun et chacune, et qu’il vient remettre en question le fonctionnement même de notre société.

Nous pensons tous et toutes avoir une idée claire de ce qu’est un homme ou une femme, et de ce que la société attend de nous en tant que fille ou garçon, de notre plus tendre enfance jusqu’à nos vieux jours. À tel point que ces représentations semblent tomber sous le sens et que nous ne les questionnons que rarement. Pourtant, il est intéressant de se demander ce qui nous définit chacun•e fondamentalement dans notre identité. Très intéressant même !

Dans un décor qui semble immuable et bien en ordre, les personnes trans, en affirmant une identité de genre différente de celle de leur état civil d’origine, viennent clairement jouer les trouble-fêtes. D’où viennent leurs revendications ? Que vivent les personnes trans dans leur esprit et dans leur corps ? Quelles sont les conséquences sociales de la diffusion grandissante de la parole des personnes transgenres et non-binaires ? Que peut-on apprendre sur nous-mêmes en les écoutant ?
Quand on s’intéresse à la métacognition, c’est-à-dire à la réflexion sur nos propres pensées, toutes ces questions ne peuvent que nous réjouir, n’est-ce pas ?

Précision : le vécu de Chayka n’est pas à prendre comme représentatif des parcours des autres personnes trans, ni comme un modèle de légitimité parce qu’elle a ressenti un décalage et su poser des mots dessus dès l’enfance. On peut découvrir et exprimer sa transidentité à 15 ans, 20 ans, 40 ans ou 60 ans, cela ne rend pas tel ou tel vécu moins audible, moins recevable. Cette diversité n’a pas à donner lieu à l’établissement de marqueurs de ce que seraient une “vraie personne trans“ et une “fausse personne trans“. Non, les parcours sont aussi nombreux que les concerné•es. Des femmes trans portent la barbe, des hommes trans gardent leurs seins et leurs cheveux longs, des personnes non-binaires changent simplement de pronom et de mode vestimentaire.
Ces personnes bousculent non seulement les stéréotypes de genre, mais aussi ce que nous pensons qu’elles sont ou devraient être. Pour les comprendre et dépasser nos préjugés, je ne peux que vous encourager à écouter d’autres témoignages, et il en existe déjà de nombreux. Aller à la rencontre d’un être humain comme les autres, c’est bien de cela qu’il s’agit pour moi avec cette série. Avant toute chose.

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Illustration de deux oeufs peints en jaune. Ils sont chacun posés sur une feuille verte. L’oeuf de gauche est marqué du sigle masculin et celui de droite, du sigle féminin. Le fond est de couleur bleu clair uni.

Épisode #28.161mn
Le sexe et le genre

Je me suis rendue en Bretagne pour rencontrer Chayka. Elle a répondu à mes questions pendant deux jours et demi, rendez-vous compte ! Dans ce premier chapitre, nous commencerons par poser les bases, en définissant notamment ce qu’est le sexe et ce qu’est le genre. Et vous verrez que rien que là, les choses sont d’une douce complexité.

Timecodes Épisode #28.1

00:04:19Qui est Chayka ? Hacking social, Horizon Gull, vulgarisation en psychologie sociale et politique, formation en philosophie, autodétermination.
00:09:27Définir la transidentité : sexe assigné à la naissance, orientation sexuelle, personne non-binaire, écouter le témoignage des personnes concernées, difficulté de définir la transidentité, travesti.
00:21:54La part de l'inné et de l'acquis : hiérarchisation des personnes trans, les sciences sont descriptives et non prescriptives, recherche en biologie, psychologie, sociologie.
00:27:34Combien de personnes trans en France ? Chiffres de la sécurité sociale, aux États-Unis, au Canada, au Vietnam.
00:34:39Qu’est-ce que le sexe biologique ? Complexité biologique, personnes intersexes, différences suivant les domaines de recherche.
00:46:11Qu’est-ce que le genre ? Identité de genre, influence de l’éducation sur le genre, sociabilisations de genre, impact de l’environnement social, construction du genre, perception de soi, rapport à son propre corps, la perception des autres, interaction sociale, rapport à sa propre sexualité, expression de genre, attentes sociales et culturelles, stéréotypes de genre. La notion de genre est-elle arbitraire ? Refus du statut social binaire, théorie du genre, Emmanuel Beaubatie, transfuge de genre, société sans genre.
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Illustration d’une enfant androgyne. Le fond est de différente tonalités de bleu. L’enfant est de face et porte un tee-shirt à manche longue, rouge. Il y a un effet d’optique : on peut voir la moitié gauche de la figure de l’enfant dans un miroir. Dans le reflet, son regard observe ce qu’il y a devant lui, tandis que la moitié droite du visage de l’enfant regarde vers le bas.

Épisode #28.258mn
Le monde et ses codes

S’il est un sujet bien mystérieux, c’est celui des origines ; le moment où la personnalité et la perception de soi se forment pour déterminer durablement notre être au monde.
Quelle expérience Chayka a-t-elle eue de ses premières années de socialisation en école maternelle et primaire ? Comment se voyait-elle et quels mots posait-elle dans ses jeunes années sur son vécu intime ? Voici le récit rare et généreux d’une adulte qui se penche sur son enfance cognitive, et sur ce que lui ont renvoyé celles et ceux qui ont croisé son chemin.

Timecodes Épisode #28.2

00:01:34Les origines sociales de Chayka : éducation catholique, stéréotypes de genre, sentiment de décalage en maternelle, le rapport au prénom, faire le deuil de ne pas être une fille.
00:13:19À l'école primaire : séparation filles/garçons, attentes sociales, conformation au genre, humiliation scolaire, mise à l’écart, rentrer dans le moule.
00:24:04La proximité avec les filles : mimétisme social, peur de l’exclusion, rapport à la religion, recherche de représentations féminines, féminisation des mots, malaise grandissant, difficulté à nommer son identité.
00:34:13Changement d’école : reprise de confiance, jeux créatifs, jouer avec les filles, coming in, coming out trans aux parents, pas de mots pour dire la transidentité, réaction des parents, vivre dans le compromis, cours de danse, amitiés.
00:48:05La dysphorie de genre : souffrance sociale, rapport au corps, tristesse indéfinie, projection en tant que femme, peur d'en parler, anticipation de la puberté, évitement du corps, mal dans sa peau.
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Illustration du profil gauche d'un jeune garçon. On ne voit que son buste. Il a la tête posée contre le mur derrière lui. Il regarde vers le sol. Il semble blessé de l'intérieur, malheureux.

Épisode #28.364mn
Le prix de la différence

Chayka nous raconte ce qu’elle a vécu au collège et l’impact durable que certains événements ont eu sur la perception d’elle-même et de sa place dans la société. Attention : certains aspects de ce récit sont choquants.

Timecodes Épisode #28.3

00:01:59 L’entrée au collège : identification genrée, recherche de normalité, harcèlement scolaire, moqueries, être traité de fille, violences physiques, internalisation, convocation des parents, aveuglement des professeurs.
00:15:38Consultation d’une psychologue : difficulté à parler, autocensure, environnement homophobe, agression sexuelle, traumatisme, tests projectifs.
00:33:49S’interdire d’y penser : rejet des émotions, autotyrannie, peur de la psychiatrisation, prendre sur soi, placardisation progressive, anxiété, jeux vidéo, trier ce qu’on peut montrer aux autres, mode vestimentaire, recherche de neutralité, film Ma vie en rose.
00:45:54L’arrivée de la puberté : vestiaires, rapport au corps, colonies de vacances, pudeur, pilosité, mue de la voix, déni de la puberté, dysphorie de genre.
00:55:16Relations amoureuses et attirances sexuelles : questionnement sur l’orientation sexuelle, manque d’information sur la transidentité, homophobie, donner le change socialement, amitiés avec des personnes passionnées, harcèlement par les garçons et les hommes, sexisme.
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Illustration du buste d'une personne adulte, face à nous et torse nu. Elle cache complètement son visage avec ses mains. Le fond est noir et la personne blanche de peau.

Épisode #28.459mn
Perdu à soi-même

Chayka nous raconte ses années de lycée et le début de sa vie d’adulte ; une période où l’injonction à se conformer aux normes de genre l’a fait s’enfoncer dans un malaise profond. En effet, comment vivre “normalement“ et tout à la fois rester connecté à soi-même ? Une quadrature du cercle qui la mènera bien loin du respect qu’elle avait été attentive à s’accorder jusque-là.

Timecodes Épisode #28.4

00:01:01L'arrivée au lycée : arrêt des harcèlements, jouer un rôle, dysphorie de genre, idées suicidaires, pas de mots, se mentir à soi-même, sentiment de culpabilité, solitude.
00:09:27Consultation d’une psychiatre : trouble anxieux et dépressif, difficulté à parler, peur de la psychiatrisation, thérapie cognitivo-comportementale, psychanalyse, prescription de neuroleptiques, schizophrénie, erreur de diagnostic.
00:19:59Le dossier médical : absence de discordance, discours cohérent, automatisme mental, arrêt du traitement, récupération du dossier médical.
00:30:42Vie amoureuse et amicale au lycée : jouer à être une femme, maquillage, euphorie de genre, orientation sexuelle, bienveillance des parents, suicide des ados, harcèlement scolaire, thérapie de conversion.
00:40:44Début de la vie d'adulte : placardisation, rencontre avec Viciss, conditions de travail, milieu du hacking, relation amoureuse, coming out, malaises vagaux, troubles anxieux, PTSD, TSPT, psychologie sociale, systèmes de croyances, autodétermination, reprise de confiance, techniques d’autoengagement, thérapie TCC.
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L'émission en bref
Les meilleurs passages

Thème du mème :  | Citation : « Quel que soit le pays, les études estiment en moyenne que les personnes trans et non-binaires représentent 0,3 à 2 % de la population. En appliquant le bas de cette fourchette à la population française, on obtient 204 000 personnes. Bien au-dessus des chiffres officiels. » Chayka. | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « Les recherches portant sur les éventuelles raisons de la transidentité ne sont pas concluantes pour l’instant. Mais quels que soient leurs résultats, elles n’ont pas valeur à être prescriptives socialement et politiquement, ou à devenir un critère de “droit à exister” » Chayka. | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « La construction du genre est dépendante de facteurs socioculturels qui nous indiquent les rôles attendus chez les hommes et les femmes. Mais n’oublions pas qu’elle est aussi dépendante de l’individu lui-même qui, par sa singularité, est un déterminant parmi d’autres. » Chayka. | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation :  « Au début des années 1990, entre mes 5 et 8 ans, je n’avais pas de mots, rien pour nommer ce décalage pourtant si fort en moi. En parler à mes parents ? Pour dire quoi ? Comment en parler puisque je ne comprenais pas moi-même. J’étais dans une impossibilité cognitive. » Chayka. | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « Vers six ans, j’ai complètement transformé le panthéon chrétien en le mettant au féminin ! J’ai été tellement attristée d’apprendre ensuite qu’il ne comprenait quasiment que des gars… Au fond, je recherchais des représentations féminines, même dans la religion. » Chayka. | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « Au début du primaire, mes comportements pouvaient parfois correspondre aux stéréotypes féminins, mais ils n’étaient pas importants à mes yeux ; il s’agissait surtout d’un mimétisme de mes pairs : les autres filles. Je ne cherchais pas à correspondre, je cherchais à être avec. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « En sixième, les garçons me coursaient en me traitant de fille. C’est paradoxal quand on est trans… Je savais que c’était une insulte mais dans ma tête je me disais : “vous l’avez remarqué vous aussi ?”. Ça a renforcé mes peurs d’être ostracisée, d’avoir des ennuis. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « Au collège, j’ai beaucoup été dans l’évitement et le déni. Je voulais ne pas voir mon corps, je fuyais toute thématique sur la puberté, sans avoir conscience que ça allait finir par exploser quelques années plus tard, avec une dysphorie de genre massive et destructrice. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :
Thème du mème :  | Citation : « J’entends dire que la transidentité viendrait de traumas, pourtant, aucune recherche sérieuse ne fait un tel lien. Aller chercher cela dans la vie d’une personne, inverser les chronologies, est très violent. Cela revient à la définir par les violences qu’elle a subies. » Chayka | Auteur.rice : Chayka | Émission : La transidentité, au-delà des apparences | Image d'illustration :

Ressources
Pour aller plus loin

Ressources Épisode #28.1
Le sexe et le genre

Les activités de Chayka :

Psychologie sociale :

Définitions :

Le sexe biologique :

Différences des sexes en neuroscience :

  • Sex beyond the genitalia: The human brain mosaic, par Daphna Joel, Zohar Berman et al. (journal Proceedings of the National Academy of Sciences of the USA, novembre 2015) : https://doi.org/10.1073/pnas.1509654112
  • Beyond sex differences: New approaches for thinking about variation in brain structure and function, par Daphna Joel et Anne Fausto-Sterling (journal Philosophical Transactions, février 2016) : https://doi.org/10.1098/rstb.2015.0451

Transidentité et mobilité sociale :

  • Transfuges de sexe. Passer les frontières du genre, d’Emmanuel Beaubatie (La Découverte, 2021).
  • “Transfuges de sexe“ Entretien avec Emmanuel Beaubatie (Politika, février 2022) : https://www.youtube.com/watch?v=rY2VaLhjQ5c

Exemple d’étude qui explore les facteurs biologiques de la transidentité :

  • The neuroanatomy of transgender identity: Mega-analytic findings from the ENIGMA transgender persons working group, par Sven Mueller, Antonio Guillamon et al. (The Journal of Sexual Medicine, juin 2021) : https://doi.org/10.1016/j.jsxm.2021.03.079

Études sur le genre ou la théorie du genre :

  • L’invention de la “théorie du genre“ : le mariage blanc du Vatican et de la science, par Odile Fillod (revue Contemporary French Civilization, janvier 2014) : https://doi.org/10.3828/cfc.2014.19
  • Les psychologies du genre : regards croisés sur le développement, l’éducation, la santé mentale et la société, de Vincent Yzerbyt, Isabelle Roskam et Annalisa Casini (Mardaga, 2021).

Nombre de personnes trans dans la population :

Émission citée :

Ressources Épisode #28.2
Le monde et ses codes

Transidentité :

Attentes sociales, influences, normes et stéréotypes :

Problème de mixité à l’école :

Humiliation scolaire :

Références culturelles pendant l'enfance :

Ressources Épisode #28.3
Le prix de la différence

Psychologie scientifique :

Tests projectifs et psychanalyse :

Homosexualité et transidentité :

Harcèlement Scolaire :

Agression et violence sexuelles :

Émission citée :

Ressources Épisode #28.4
Perdu à soi-même

Psychologie :

Schizophrénie :

Transidentité :

Souffrance chez les ados trans :

Suggestions
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Bienveillance et scepticisme

Avec Virginie Bagneux, Richard Monvoisin et Élisabeth Feytit

Richard Monvoisin, didacticien des sciences, Virginie Bagneux, chercheuse en psychologie sociale, et Élisabeth Feytit parlent bienveillance.

Échangeons
Commentaires

  1. Bien. Très bien. Excellent.
    Bon, je suis une meuf trans’, donc forcément c’est pas super objectif ?
    Et bien si, au contraire.
    La vieille activiste que je suis est, j’espère, encore en mesure de faire la différence.
    Bravo Chayka.
    Bravo Élisabeth.

    ^^

  2. En tant que grande fan de Horizon gull comme de meta de choc, quel immense plaisir que de retrouver chayka sur cet épisode !!! Trop hâte de l écouter. Merci beaucoup pour tout votre travail de vulgarisation à portée de tous.

  3. bonjour
    j’ai 60 ans je suis la mère de 3 enfants dont un enfant trans non binaire (M to F) d’une vingtaine d’années; je le genre encore régulièrement au féminin, ce qui cause de grandes tensions, et même si je comprends le ressenti de non acceptation de sa part, j’ai beaucoup de mal à ne jamais fauter.
    j’ai conscience du fait qu’il n’existe probablement pas de recette, mais si vous avez des ressources sur ce thème , je suis preneuse.
    merci beaucoup pour toutes vos émissions, pour tout ce travail fourni, je reste fidèle à vos publications.

    1. Bonjour,

      Déjà, je voudrais vous féliciter pour ainsi vouloir faire les choses au mieux, et que si des maladresses peuvent arriver, je suis sûr que votre enfant fait la part des choses malgré des potentielles tension, ne vous en faites pas. Ce n’est nullement volontaire de votre part, vous n’avez pas à vous en vouloir. Si à un moment lors d’une formulation vous vous rendez compte que votre propos a été maladroit, pas de panique, il suffit simplement par exemple de revenir sur le dit propos, de le reformuler selon ce qui vous semble plus juste.

      Parmi les ressources que je peux vous conseiller, il y a par exemple le Wikitrans qui est très bien :

      – Les bases à connaître sur la Transidentité https://wikitrans.co/intro/
      – Quels pronoms utiliser pour une personne quand je ne suis pas sûr·e ? https://wikitrans.co/2019/02/25/quels-pronoms-utiliser-pour-une-personne-quand-je-ne-suis-pas-sure/

      J’espère que cela pourra vous aider, et merci à vous pour la bienveillance que vous avez et la volonté de faire au mieux,

      Chayka

  4. Bonjour,
    j’ai parcouru le glossaire et vous remercie pour ces notions qui invitent à la vigilance quant à notre propre pensée. C’est un super répertoire qui permet d’avoir sur un même support beaucoup de ressources utiles ! J’ai écouté Maud et son parcours et je l’a remercie pour son analyse, sa précision et sa franchise. J’ai commencé à écouter votre enquête sur les notions de transidentité, et je me demande si sera questionné le fait d’une société qui impose des comportements selon les sexes, donc qui impose des genres (c’est-à-dire des coutumes ou comportements assignés à chaque sexe), et qui a pour effet de générer des problèmes. Quelle serait une société qui n’oblige à aucun comportement particulier de genre et laisse libre chacun de se vivre. Aurait-on besoin de changer de corps pour vivre sa particularité ? Il me semble que souvent la question est posée à l’inverse. On développe des stratégies pour s’adapter au contraintes de genre imposées au lieu de questionner et de changer ce qui dans la société fait souffrir ceux qui n’arrivent pas à rentrer dans les normes. Si nous supprimions ces normes, que se passerait-il ? Souffririons-nous de nos particularités ? Pourquoi cette société normative investie-t-elle tant dans des solutions très technologiques (notamment médicales) pour répondre aux problèmes qu’elle génère ? Interrogez-vous cet aspect des choses ? Je vous remercie encore pour votre travail et votre attention. Cordialement.

    1. Bonjour,

      Les injonctions aux stéréotypes, aux croyances concernant le genre et les rapports asymétriques que cela entretient entre les hommes et les femmes est hautement préjudiciable, pour tout le monde. On évoque dans le chapitre 1 cette hypothétique société sans normes de genre, et il me semblent que tous les questionnements qui sont les nôtres actuellement se trouveraient sans doute obsolètes, tout du moins ne pourraient plus être formulés de la même manière. Verrait-on moins de transition ? Possible, mais je crois qu’il y a tout du même quelque chose qui demeure questionnable : le rapport à son propre sexué. Certaines transitions peuvent passer par une transition médicale (pas tous), qu’en serait-il alors dans cette société hypothétique ? Les personnes qui transitionnent le font-elles par injonction uniquement, pas la volonté de rejoindre une norme ? Je n’en suis pas sûr. Est-ce que dans une société aussi souple sur le genre ne verrait-on pas au con-traire, non pas une abolition du genre, mais un décloisonnement du genre, et donc davantage de profils, de parcours, de rapport au corps selon la singularité de chacun et de chacune ? Je laisse ces questions en suspens, déjà parce que je n’ai pas la réponse, et aussi parce qu’on en reparlera plus tard dans la série.

      Une chose est sûre, je crois, c’est que l’assouplissement de ces normes ne pourra qu’être bénéfique, car il y a bien trop de souffrances qui découlent de tels cloisonnements.

      Concernant des solutions médicales, je ne suis pas sûr que ce soit là une solution de la société, tant on voit les frictions que cela pose. Les parcours médicaux sont très disparates, certains parcours étant particulièrement normatifs (notamment dans le public), alors que d’autres au contraire ne s’inscrivent pas dans une telle normativité.

      Pour un avis plus personnel, je trouve en effet que considérer la transidentité comme un problème à résoudre et qui ne passerait pas une logique médicale où la personne n’aurait pas son mot à dire, ou si peu, est problématique. Tout autant que les injonctions que les personnes trans peuvent rencontrer, qui peuvent par exemple passer par une injonction au « passing » comme si la personne devait parvenir à un « résultat » attendu, en sommes réintégrer des normes, des attentes et des rôles venant de l’extérieur. C’est selon moi un véritable problème, et nous aurons l’occasion d’en reparler durant la série (peut-être pas aussi directement, mais je pense que vous trouverez tout de même des élément, pas forcément de réponse, mais en terme d’approfondissement quant à ces questionnements).

      Bien à vous,
      Chayka

  5. Puisse les étiquettes, cases et normes s’envoler si haut dans le ciel que jamais elles ne reviendront…
    Puisse notre bonheur d’avoir le courage d’être authentique ouvrir les yeux de tous les êtres.. Car il n’y a ríen de plus beau que de ne plus se mentir.. Quelque soit le ou les mensonges…

    Léo

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