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Peut-on vraiment changer ?

Par Élisabeth Feytit
Changer le symptôme ne soigne pas la maladie ; au mieux, ça la cache, plus sûrement, ça la nourrit.

Analyser ses propres dysfonctionnements est certes une tâche des plus ardues, car elle demande de les observer sans leur filtre-même.

Rien que le fait de prendre conscience de nos failles psychiques et de nos souffrances peut prendre du temps. Ensuite, lorsque l’on a décidé d’en sortir, donc de changer, les pièges sont nombreux qui nous font parfois aller et venir, hésiter, rebrousser chemin, essayer une chose ou une autre.

Mais ne soyons pas dupes ; ces atermoiements ne sont pas les signes d’un changement ; ils nous empêchent même d’y parvenir. Car si l’on pense avoir « compris une partie » d’un problème ou d’un schéma répétitif, c’est qu’on ne l’a tout simplement pas compris, et dans ce cas, effectivement, on peut essayer et se tromper longtemps. Rien n’y fera.

Je pense que l’on peut bel et bien changer ou plus précisément évoluer psychologiquement ; c’est-à-dire sortir définitivement de la reproduction d’un système de pensée personnel fallacieux et destructeur. Dans ce domaine, ce qui compte c’est la qualité de la réflexion, pas le temps passé ni le nombre d’essais.

Dès lors que l’on comprend la logique de la mécanique à l’œuvre, dans son entièreté, le changement émerge automatiquement.

Lorsqu’il y a évolution psychologique, il y a immédiatement et inévitablement changement de mode de pensée et d’attitude. Si ce n’est pas le cas, c’est sans doute que l’on est juste dans l’évitement, la recherche de solutions, l’imposition de règles, le contrôle ou l’aveuglement, donc dans une simple variante du schéma de départ.

Le changement ne vient pas du choix de telle idée ou telle autre, de tel mode de vie ou tel autre, de telle action ou telle autre ; il vient de la compréhension de ce qui se joue. Changer de symptôme ne soigne pas la maladie ; au mieux, cela la cache, mais plus probablement, cela la nourrit.

Changer peut prendre du temps ou se produire rapidement. Quoi qu’il en soit, la prise de responsabilité personnelle, la persistance, le courage et l’humour sont à mon sens les ingrédients indispensables à une évolution réelle.

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Commentaires

Commentaires (10)

  1. CC
    Il y a 5 ans
    Ce billet me parle ceci étant est ce la votre point de vue? Un avis personnel ? Le résultat de quel cheminement personnel? 
    1. Elisabeth Feytit
      Il y a 5 ans
      Les billets publiés ici sont le fruit d'une réflexion métacognitive personnelle. Je les partage pour susciter la réflexion et l'échange.
  2. Serge Sdu
    Il y a 5 ans
    Il me semble, mais peut être que je me trompe, que c'est aussi "l'autre" qui nous permet cela. Analyser, comprendre et accepter ses propres dysfonctionnements est important ... jusqu'à ce que la présence de l'autre chamboule notre compréhension sur nous mêmes. Une sorte d'effet miroir ? Quand le désir de la bienveillance est là, je peux alors me sentir rassurer car le dysfonctionnement fait partie de  "qui je suis". C'est accepter par les deux convives et on peut avancer....   J'aip un petit bout de chemin avec une personne qui refusait ses propres dysfonctionnements, en soit pas graves. Mais le fait de les refuser rendaient progressivement la vie partagée infernale.... car il fallait bien un responsable.
    1. Elisabeth Feytit
      Il y a 5 ans
      Il rare qu'une personne sorte d'un mode de pensée dysfonctionnel par une prise de conscience totalement personnelle. Cela existe mais le plus souvent, elle est suscitée par la rencontre avec un contradicteur, quelqu'un qui questionnera ce système de pensée. Ensuite, le processus de remise en cause ne peut se faire que de soi à soi, même si un accompagnement de loin en loin peut être important. Il est si difficile de questionner un mode de pensée personnel que d'avoir une ou des personnes de référence en tête permet un effet d'entrainement favorable et souvent indispensable à la persévérance du questionnement jusqu'à atteindre un nouvel équilibre.
  3. Émilie
    Il y a 3 ans
    Bonjour, le changement est également possible en dehors du champ de conscience ordinaire, via des séances d’hypnose. (Voir les travaux de Milton Erickson, par exemple).
    1. Élisabeth Feytit
      Il y a 3 ans
      Autrice
      Bonjour Émilie, l'hypnose peut effectivement avoir des effets importants sur notre psyché. C'est ce qui la rend parfois dangereuse ; lorsque le praticien impose, de manière consciente ou pas, ses propres objectifs à son patient. La vigilance est de mise.
  4. Brendan
    Il y a 2 ans
    Merci pour ces longues heures d'écoutes qui me permettent de poser des mots sur beaucoup des maux qui font le quotidien de nombre d'entre nous ! Je vais contribuer avec certitude à votre audacieuse mission ! Merci Elisabeth !
    1. Élisabeth Feytit
      Il y a 2 ans
      Autrice
      Bonjour Brendan, heureuse que mon travail vous soit utile. Merci pour votre intention de contribution !
  5. Tisné Simon
    Il y a 2 ans
    Bonjour, j'adore votre travail, c'est l'émission que j'ai toujours voulus écouter. Je ne sais pas si vous aurez le temps et si vous trouverez cela intéressant mais suite à un poadcast et une discussion animée avec des amies j'ai écris un brin de pensée, c'est peut-être pas fou ou peut-être pas mal. La question qui m'anime depuis longtemps c'est: est-ce que ma pensée est le résultat de ma seule volonté? Suis-je libre finalement? La première fois que je me suis demandé cela j'étais jeune, environ 11 ou 12 ans. Mes parents ont une orientation politique de gauche, je regardais avec eux les débats télévisés et je les écoutais parler des personnalités politiques. En fait c'est par la politique que je suis entré dans ce que je ne savais nommer à l'époque, la métacognition. Mes amis n'avaient pas la même sensibilité politique que moi. Je me suis donc demandé pourquoi. C'est là que je me suis dit; mais pourquoi je pense comme je pense? Est-ce que je suis de gauche parce que mes parents sont de gauche? Mais si c'est le cas, comment je peux penser librement? Comment croire que ma pensée n'est le résultat que de moi-même? Je crois que ma pensée de gauche est plus légitime que celle de droite parce que je la pense? Mais c'est complètement absurde comme résonnement. Tout le monde pourrait l'avoir sans partager les mêmes pensées. Cette contradiction m'a questionnée et depuis j'essaie de comprendre comment je comprends et de penser à comment je pense. La question qui a émergé derrière la question "pourquoi je pense ce que je pense?", c'est "comment être libre?". J'ai bien conscience, et celui qui n'est pas d'accord avec cela est malhonnête, que notre pensée est le résultat de notre réalité. Nous sommes déterminé par des choses sur lesquelles nous n'avons aucun pouvoir et qui vont nous modeler par les interactions que nous allons avoir avec elles. On ne choisit pas ses parents, son pays, son éducation, sa culture, les épreuves que l'on vit, sa biologie, son niveau social, son physique, le système politique dans lequel on naît… Et pourtant c'est tout cela qui contribue à faire qu'on pense ce qu'on pense car tout ce qui entre en relation avec nous entre en réaction avec nous et nous transforme. Nous sommes telles des météorites dans l'espace, percutées, transformées, brisées et reconstruites mais nous continuons toujours notre route. Nos sociétés sont le résultat d'un enchevêtrement de croyances, donc de cultures qui ont façonné le monde et qui nous impactent aujourd'hui. Refuser cette vérité c'est refuser les réalités systémiques telles que le racisme, la société patriarcale, le fascisme, la capitalisme… Refuser de voir que notre réalité crée notre pensée c'est refuser d'être libre et de prendre la responsabilité de sa liberté. Parce que oui, la liberté, pour moi, est une responsabilité. Si notre manière de penser est le résultat de la réalité dans laquelle on vit, notre manière de penser est déterminée par des causes qui nous sont extérieures. Pour être libre il faut penser à pourquoi on pense comme on pense. En quoi ma manière de penser est-elle bonne pour moi? Pour les autres? Comment je sais que ma pensée est vraie, juste ou légitime? Pourquoi je pense comme ça? Ce questionnement est profond mais il est de la responsabilité de chacun, il ne tient qu'à nous de sortir de notre zone de confort intérieure, il en va de notre responsabilité. C'est d'ailleurs assez étonnant, beaucoup de gens qui me disent de sortir de ma zone de confort, de partir en voyage, de prendre des drogues pour m'ouvrir "spirituellement" sont les mêmes qui sont incapable de scruter l'intérieur d'eux-mêmes, leur identité. Ils préfèrent sortir de leur confort extérieur/physique que de leur confort intérieur/psychique. Parce que c'est dur de se dire qu'on n'est rien d'autre qu'un tas de croyances superposées depuis des millénaires saupoudré d'un zeste de libre arbitre pas si libre que ça. Et c'est un risque, car en ce questionnant de la sorte on peut anéantir tout notre système de croyance, tout ce qui fait qui on est, notre identité. Il faut du courage pour faire cela, d'ailleurs je crois qu'il n'y a rien de plus courageux. Les gens que je trouve les plus intéressants sont ceux qui ont été capable de questionner leur croyances intérieures, de bruler une partie de leur identité et d'en reconstruire une autre sur les cendres. C'est dans ce sens que la liberté est une responsabilité individuelle car si on refuse de questionner les choses qui déterminent notre identité nous resterons enfermer dans l'illusion d'une liberté factice et malhonnête. Anéantir mes croyances. Etre libre car accepter que les faits entre dans le monde de mes croyances. Me remettre en question, pas mes actions ou mes pensées mais mon identité dans son entièreté. La mettre à mal, la questionner, lui enlever sa légitimité. Arrêter de chercher un sens à la vie. Arrêter de chercher les réponses qui me plaisent aux questions que je me pose. Ne chercher que l'apprêté de la vérité pour chnager de mode de pensée. Par exemple, pourquoi ma couleur de peau, mon sexe ou mon orientation sexuelle sont les attributs les plus avantageux dans notre société? Pourquoi mon groupe, les hommes cis blancs, est le groupe des dominants et des discriminants? Parce que notre système est basé sur des croyances qu'il faut absolument anéantir, jeter, bruler et faire disparaitre. Comment je peux croire que dans un tel système, en étant qui je suis, les avantages que j'ai sont les seuls fait de ma volonté, de ma valeur ou de ma pensée qui créerai un réalité avantageuse pour moi? Mais quelle immense absurdité. Tous les avantages que j'ai, je ne les ai pas mérités, je ne les ai même pas voulus ou choisit, je les ai parce que je suis un homme blanc cis hétéro. C'est tout. Refuser de faire face à cette réalité c'est refuser d'être libre. C'est accepter de rester coincé dans un système d'oppression, c'est être lâche et plus que tout c'est être faible. Je crois que pour être libre tout le monde doit l'être et c'est pour ça que j'ai horreur des croyances. Et c'est drôle car c'est une croyance, c'est le serpent qui se mord la queue. Ce que j'essaie de critiquer ce n'est pas tellement mes comportements, c'est surtout mon identité profonde, c'est comme racler le fond de ses entrailles, c'est dérangeant et ça ne fait pas toujours que du bien. Ainsi, je me rend compte d'une chose, c'est que toutes les croyances, je dis bien toutes, sont là pour compenser nos faiblesses (à prouver comme affirmation). Je pensais avant que seules les croyances "divines" étaient l'apanage des personnes "faibles", mais même pour moi mes croyances viennent compenser une faiblesse. Je n'ai aucun intérêt pour la religion, la spiritualité, je trouve cela complètement inutile. Me dire que je fais partit d'un tout plus grand pour ne pas faire face à ma finitude et à la solitude de l'existence je trouve ça absurde. Ce qui m'apaise c'est la réalité du néant, pas l'espérance d'un paradis fictif. Ma religion c'est mes valeurs, ma spiritualité mes principes. Le tout mes croyances. Mais mes croyances sont là pour compenser mes faiblesses. J'ai peur de ne pas être libre, j'ai donc choisit des valeurs à respecter et des principes à appliquer. Je crois au respect, je crois en l'humour, je crois en la vertu, mais ma croyance est propre à moi-même et vient combler ma faiblesse, la peur de ne pas être libre. Je n'ai pas besoin de religion ou de spiritualité mais j'ai besoin d'un cadre définit pour me sentir libre, car la liberté c'est choisir ses propres chaînes. Ainsi je choisis mes valeurs et mes principes qui me donnent le sentiment d'être libre. Donc moi-aussi je crois, moi-aussi je suis faible, j'espère qu'au moins je suis libre (mais je n'en suis pas sûr). En fait être libre c'est peut-être seulement avoir conscience qu'on ne l'est pas totalement et n'en avoir rien à foutre. "Je n'étais pas, je fus, je ne suis plus, je n'en ai cure". Nous sommes libre uniquement envers nous-mêmes, comme une poussière ballottée par les vents qui ne pourrait se tourner que sur elle-même. J'espère que ce modeste texte vous aura intéressé. Je voulais donc vous demander, pour vous, peut-on être libre? Pas se sentir libre, être véritablement libre.
    1. Élisabeth Feytit
      Il y a 1 an
      Autrice
      Merci pour ce partage de réflexion, Simon. Vaste question que celle du libre arbitre ! Pour ma part, je ne vois pas le questionnement de nos pensées comme une responsabilité, mais comme une disposition. De là, on peut avoir ou pas la curiosité de se questionner. Je pense que beaucoup trop de choses nous conditionnent pour en avoir la responsabilité. Si vous comprenez l’anglais, je vous conseille cette très bonne et complexe chronique sur le libre arbitre : https://open.spotify.com/episode/4rZ8b2G0SkPIsSofXeH7mX?si=wfrGbCl4SRmvG33H5tPuOg&fbclid=IwAR23pG6F2NmkNOorRveE7j7dbFOnqXHvre0qq5zU5HH5Vxa0jC-SWh6e9d4&nd=1 Les croyances sont partout et elles nous sont avant tout utiles pour fonctionner au quotidien. Vouloir toutes les anéantir est irréaliste et contre-productif. Et considérer qu’elle ne seraient que la réponse à nos faiblesses est réducteur, à mon sens. À ce sujet, je vous conseille la série SHOCKING “Émotion et rationalité“ : https://metadechoc.fr/podcast/emotion-et-rationalite/

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