Votre ADN vous veut du bien
Sommes-nous donc condamnés à être les spectateurs sidérés et impuissants de la destruction de l’Homme par l’Homme ?
Fonte des glaces, massacres de civils, disparition des girafes, pédophilie, dictature de la finance, viols de guerre, mafia, impunité des dirigeants… Que pouvons-nous face à l’annonce journalière de catastrophes plus scandaleuses les unes que les autres ? Et que pouvons-nous face à la banale bassesse de nos comportements quotidiens ? Haine du voisin, femmes battues, surconsommation, surendettement, dégoût du riche, stigmatisation du pauvre, rejet du migrant, mort anonyme du sans-abris…
Les informations s’enchaînent, les révélations, les dénonciations. Nous pensons peut-être encore qu’elles nous apporteront vérité et soulagement, changement. Tout ça est tellement gros ! Les exactions si évidentes et inouïes ! Mais non. Ce flot incessant ne fait qu’ajouter à notre peine, à notre désarroi, au poids informe et gluant de notre responsabilité personnelle et collective.
Alors, par vagues, nous sommes envahis par la peur. Comment ne pas l’être ? Car ce que nous vivons actuellement porte directement atteinte à ce que notre ADN permet : la survie de l’espèce. À cette peur animale de mourir, de disparaître, nos réactions varient de l’apathie à la révolte, du renoncement à la violence, en passant par le cynisme ou la fuite dans la consommation, le tiercé, la drogue, l’engagement idéologique et que sais-je encore. Et tout cela est bien compréhensible ; tout cela s’explique.
Mais force est de constater que de telles réactions n’ont jamais rien résolu.
Bien sûr, nous avons été bercés au doux refrain de « la connaissance sauvera l’humanité ». Mais où en sommes-nous aujourd’hui, au moment où Internet nous offre, gratuitement ou presque, toute la connaissance du monde ? Apprendre, connaître, savoir nous apporte-t-il la libération, la capacité de discernement ? Manifestement pas. Non, la connaissance ne suffit pas.
« C’est l’amour qui sauvera l’humanité » ! Mais l’amour d’une mère empêche-t-il les comportements à risque ? L’amour de son pays empêche-t-il la guerre ? L’amour d’un homme l’empêche-t-il de battre sa femme ? L’amour pour un dieu empêche-t-il l’intolérance ? Manifestement pas. Non, l’amour ne suffit pas.
Alors est-ce l’art qui sauvera le monde ? La philosophie ? La politique ? Le repère identitaire ? Les progrès de la science ? J’ai bien peur que tout cela ne suffise pas non plus. Car toutes ces choses, malgré leur beauté ou leur puissance, ne nous immunisent pas contre la bêtise et la négligence envers nous-mêmes et les autres. Elles ne sont tout simplement pas suffisantes à la compréhension de ce que nous vivons, de ce que nous reproduisons dans une course effrénée dont la fin n’a jamais semblé si proche.
Mais alors, d’où peut-elle donc émerger cette compréhension, cette clairvoyance qui nous permettra enfin d’arrêter de nous auto-détruire ?
De ce lieu intime et propre à chacun, de cet espace mental où nous prenons le temps de réfléchir et observer nos insuffisances personnelles, nos raccourcis faciles, notre complaisance, notre manque de courage, notre impatience, et depuis lequel nous pouvons mettre fin à des schémas mentaux et comportementaux issus de traditions non-questionnées, d’habitudes et de superstitions.
Réfléchissons ! Non pas en terme de croyance politique ou religieuse, non pas en terme de morale dictée par la culture dont nous sommes issus. Réfléchissons plutôt AU SUJET de ces croyances et de cette morale prétendument universelle. Réfléchissons à notre si grande tolérance envers ces évidences et ces fausses bonnes idées. Questionnons et défaisons-nous de ces chimères qui ont justifié à travers les siècles et continuent de justifier tant de nos violences et de nos négligences.
L’auto-destruction ne nous est pas naturelle, elle n’est pas inscrite dans notre ADN ! L’auto-destruction individuelle et collective est une construction culturelle, un choix qu’il nous appartient de comprendre à sa source, chacun à notre niveau, et qu’il nous est possible de désosser, pièce par pièce, pour revenir à l’essence-même de la vie : l’évolution.
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